Nous sommes davantage que ce que nous croyons être…
Même si le critère de l’argent reste un marqueur social important, il semble assez facile d’admettre que nous ne sommes pas ce que nous possédons en banque. Et comme le dit le proverbe, on n’a jamais vu un coffre-fort suivre un cercueil.
Nos propriétés nous prolongent, et qui aime sa voiture peut ressentir un « mal à l’aile » s’il a un accrochage. Notre cher ordinateur à qui nous confions notre regard et nos mains une bonne partie de la journée en devient une puissante extension. Nos vêtements nous ressemblent et nos maisons sont à notre image. Mais tout cela ne reste-t-il pas à la surface de notre être ?
Nos productions, la trace que nous laissons, notre famille même répondent à un besoin d’identification, une valeur ajoutée personnelle, voire une survie au delà de notre temps. On peut comprendre l’attitude de certains patrons autocrates qui pensent être leur entreprise. Mais cela recèle une part d’illusion, et si nous sommes marqués par ce que nous faisons, si cela s’imprime à la longue notre corps, nous ne pouvons nous y identifier car nous sommes autres que notre agir.
Serions-nous notre corps ? Celui-ci grandit, selon un programme bien déterminé qui nous fait même changer de dents pendant la croissance ! Puis il vieillit dans une obsolescence programmée tandis que ma conscience de moi-même ne semble pas changer. Si je perds un doigt, un bras, est-ce que je ne reste pas moi-même ?
Pourrions-nous être nos ressentis, nos émotions ? Une certaine culture débilitante voudrait nous faire croire que nous sommes des victimes : j’ai volé parce que j’ai eu envie, je n’ai pas pu m’empêcher de… Mais en réalité, nos ressentis, nos douleurs et nos émotions vont et viennent tandis que nous restons les mêmes.
Et nos meilleures qualités alors ? Je garde en mémoire ce que disait Roberto Alagna à propos de sa voix : « elle est là, je n’y suis pour rien et un jour elle partira ». De même, nos qualités physiques, psychologiques, intellectuelles ne seraient-elles pas des simples prêts ?
Et si tout cela nous est prêté, bonne fortune, possessions, production professionnelle ou familiale, santé, sensibilité, douleurs, talents, qui sommes-nous en profondeur et qu’allons-nous faire de ces prêts ?